« La crise a montré les limites des produits à usage unique »
Rédaction
Réorganisation des services, multiplication des demandes en vêtements professionnels, utilisation accrue de sacs hydrosolubles… Les blanchisseries hospitalières ont, elles aussi, dû s’adapter pour faire face à la crise sanitaire. Entretien avec Andy Nguyen, président de l’Union des Responsables de Blanchisseries Hospitalières (URBH).
Comme tous les services hospitaliers, les blanchisseries ont subi de plein fouet la crise sanitaire. Quels ont été les enjeux auxquels vous avez été confrontés ?
Andy Nguyen : Les évolutions observées suite à cette crise sanitaire représentent une augmentation du volume sur le linge en forme. La profession n’avait d’ailleurspas subi de tels changements durant ces 30 dernières années.Certaines régions ont été relativement épargnées mais nous n’en avons pas moins tous été impactés. Dès les premiers jours, les blanchisseries hospitalières ont dû se réorganiser pour répondre aux nouvelles demandes afin de limiter les risques de contamination des personnels soignants, ce qui a augmenté la consommation et donc le traitement des vêtements professionnels. Cette demande a d’ailleurs été démultipliée par les nombreuses ruptures de stocks en sur-blouses à usage unique non-stériles.
Cela fait plusieurs années que l’URBH en appelle à renoncer aux produits à usage unique non-stériles pour des raisons de qualité microbiologique non garantie…
La pénurie engendrée par la crise a montré, à tous, les limites de ces produits à usage unique, fabriqués à bas coût aux quatre coins du monde. Les blanchisseries ont rapidement mis en place des blouses textiles d’origines diverses (confection maison, bénévoles, industries réorganisées, …). Certains établissements ont observé une hausse de plus de 50% de leur activité sur les vêtements d’habillage et de sur-habillage. Cette augmentation considérable illustre bien les volumes habituellement réservés aux vêtements de protection jetables. Pourtant, une blouse à usage unique non-stérile n’est pas forcément propre,au sens bactériologique du terme, contrairement à une blouse en tissu traitée dans une blanchisserie aux procédés industriels. C’est, entre autres, pour cela que l’URBH milite pour l’abandon de ce type de produit au profit d’articles textiles réutilisables.
Vous évoquiez une demande accrue en matière de vêtements professionnels. Comment y avez-vous fait face ?
Cette crise a mis en lumière une problématique majeure : les tensions sur les circuits internationaux d’approvisionnement. Afin de pallier le manque des vêtements professionnels, la Direction Générale des Entreprises (DGE) a réorienté plusieurs usines nationales. Parallèlement, de nombreuses initiatives se sont mises en place. À Montpellier, par exemple, nous avons pu acquérir 8 000 kits prédécoupés et les mettre à disposition de 324 couturières bénévoles. L’expérience a été concluante puisque le fournisseur cherche à pérenniser la démarche en s’alliant avec un atelier de couture local. En plus de générer des emplois, cette boucle de proximité permettra de sécuriser une partie de nos approvisionnements, tout en facilitant l’adaptation des produits.
Avez-vous, pour votre part, dû modifier vos processus de traitement du linge ?
Les process industriels employés par les blanchisseries hospitalières répondaient déjà aux problématiques d’élimination des virus et bactéries. La crise a, en revanche, favorisé une prise de conscience collective par rapport aux précautions standard d’hygiène et au rôle important joué par les textiles. Partout, les protocoles d’habillage déjà en vigueur ont été mieux respectés. Nous avons, de notre côté, augmenté l’utilisation de sacs hydrosolubles pour le linge sale, tout en réadaptant les horaires des équipes afin d’accélérer la rotation de certains articles en trop faible quantité, permettant parfois de traiter deux fois le même article en 24 h.
Comment mieux préparer les blanchisseries hospitalières à ce type de crise ?
Une fois de plus, les blanchisseurs hospitaliers publics ont su répondre présents, même si cela n’a pas été de tout repos. Pour conserver cette réactivité, les hôpitaux doivent conserver la maîtrise de leur blanchisserie en statut intégré ou en groupement de coopération.Les notions de service public et de continuité de service sont très présentes au sein de nos équipes, qui sont membres à part entière de la fonction hospitalière. Elles ont fait preuve de solidarité et d’un grand professionnalisme pour organiser la continuité de leurs activités et en assurer celle des soins. Afin que l’on puisse garantir cette réactivité sur le long terme, les établissements de santé devront également renforcer la maîtrise de leur filière linge en interne mais aussi privilégier des filières d’approvisionnement françaises. La massification des achats n’est pas forcément la bonne solution au regard de la chute des approvisionnements que nous avons pu observer pendant la crise.
Andy Nguyen : Les évolutions observées suite à cette crise sanitaire représentent une augmentation du volume sur le linge en forme. La profession n’avait d’ailleurspas subi de tels changements durant ces 30 dernières années.Certaines régions ont été relativement épargnées mais nous n’en avons pas moins tous été impactés. Dès les premiers jours, les blanchisseries hospitalières ont dû se réorganiser pour répondre aux nouvelles demandes afin de limiter les risques de contamination des personnels soignants, ce qui a augmenté la consommation et donc le traitement des vêtements professionnels. Cette demande a d’ailleurs été démultipliée par les nombreuses ruptures de stocks en sur-blouses à usage unique non-stériles.
Cela fait plusieurs années que l’URBH en appelle à renoncer aux produits à usage unique non-stériles pour des raisons de qualité microbiologique non garantie…
La pénurie engendrée par la crise a montré, à tous, les limites de ces produits à usage unique, fabriqués à bas coût aux quatre coins du monde. Les blanchisseries ont rapidement mis en place des blouses textiles d’origines diverses (confection maison, bénévoles, industries réorganisées, …). Certains établissements ont observé une hausse de plus de 50% de leur activité sur les vêtements d’habillage et de sur-habillage. Cette augmentation considérable illustre bien les volumes habituellement réservés aux vêtements de protection jetables. Pourtant, une blouse à usage unique non-stérile n’est pas forcément propre,au sens bactériologique du terme, contrairement à une blouse en tissu traitée dans une blanchisserie aux procédés industriels. C’est, entre autres, pour cela que l’URBH milite pour l’abandon de ce type de produit au profit d’articles textiles réutilisables.
Vous évoquiez une demande accrue en matière de vêtements professionnels. Comment y avez-vous fait face ?
Cette crise a mis en lumière une problématique majeure : les tensions sur les circuits internationaux d’approvisionnement. Afin de pallier le manque des vêtements professionnels, la Direction Générale des Entreprises (DGE) a réorienté plusieurs usines nationales. Parallèlement, de nombreuses initiatives se sont mises en place. À Montpellier, par exemple, nous avons pu acquérir 8 000 kits prédécoupés et les mettre à disposition de 324 couturières bénévoles. L’expérience a été concluante puisque le fournisseur cherche à pérenniser la démarche en s’alliant avec un atelier de couture local. En plus de générer des emplois, cette boucle de proximité permettra de sécuriser une partie de nos approvisionnements, tout en facilitant l’adaptation des produits.
Avez-vous, pour votre part, dû modifier vos processus de traitement du linge ?
Les process industriels employés par les blanchisseries hospitalières répondaient déjà aux problématiques d’élimination des virus et bactéries. La crise a, en revanche, favorisé une prise de conscience collective par rapport aux précautions standard d’hygiène et au rôle important joué par les textiles. Partout, les protocoles d’habillage déjà en vigueur ont été mieux respectés. Nous avons, de notre côté, augmenté l’utilisation de sacs hydrosolubles pour le linge sale, tout en réadaptant les horaires des équipes afin d’accélérer la rotation de certains articles en trop faible quantité, permettant parfois de traiter deux fois le même article en 24 h.
Comment mieux préparer les blanchisseries hospitalières à ce type de crise ?
Une fois de plus, les blanchisseurs hospitaliers publics ont su répondre présents, même si cela n’a pas été de tout repos. Pour conserver cette réactivité, les hôpitaux doivent conserver la maîtrise de leur blanchisserie en statut intégré ou en groupement de coopération.Les notions de service public et de continuité de service sont très présentes au sein de nos équipes, qui sont membres à part entière de la fonction hospitalière. Elles ont fait preuve de solidarité et d’un grand professionnalisme pour organiser la continuité de leurs activités et en assurer celle des soins. Afin que l’on puisse garantir cette réactivité sur le long terme, les établissements de santé devront également renforcer la maîtrise de leur filière linge en interne mais aussi privilégier des filières d’approvisionnement françaises. La massification des achats n’est pas forcément la bonne solution au regard de la chute des approvisionnements que nous avons pu observer pendant la crise.
Au CHU de Reims, une blanchisserie au cœur de la crise

Catherine Diallo, ingénieure blanchisserie-restauration. ©DR
À Toulouse, « on a pu s’adapter mais maintenant il va falloir recruter »

Marc Drezen, directeur technique opérationnel du GCS Blanchisserie Toulousaine. ©DR
À Agen, tri au propre et traitement en « tout séché » plié

Evelyne Thierry, cheffe de projet du GCS BIH SIH47. ©DR
Article publié sur le numéro de juin d'Hospitalia à consulter ici : https://www.hospitalia.fr/Hospitalia-49-Special-Covid-19-MERCI-_a2230.html